Le Curé assassiné

Plougonver tremble : la Bande à Taupin frappe encore !

 

On parle du village dans l'ouvrage "Le Diocèse de St-Brieuc pendant la période Révolutionnaire". Une anecdote sordide mais réelle, illustrant la complexité de cette époque, et ses conséquences en Bretagne rurale...

Le Père Le Béchec est surpris par des chouans dans le chemin creux de Poull Fank ; ils le fusillent sur-le-champ.

Tout le canton frémit : la Bande à Taupin a encore frappé !

Mais pourquoi cet assassinat, et qui étaient ces brigands ?

 

Au milieu des années 1790, Pierre Taupin a rassemblé une troupe d'insurgés royalistes autour des valeurs contre-révolutionnaires, monarchistes et catholiques. Au commencement c'était un désir de vengeance qui l'animait, vengeance pour l'exécution de son épouse Ursule.

La bande officiait en Trégor.

Leur cible du jour était le Père Le Béchec, curé de Plougonver depuis juin 1791. C'était un de ces prêtres nommés dans les paroisses par l'administration, un fonctionnaire de la République. Il avait prêté serment à la Constitution révolutionnaire, ce qui faisait de lui le pire des usurpateurs aux yeux des catholiques. Il vivait même marié et avait eu deux filles, qu'il élevait dans le presbytère ! Pour les royalistes, il souillait impunément sa vocation sacrée.

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6 juin 1796

L'embuscade avait peu de chances d'échouer : Poull Fank ("le bourbier") est un sentier sinueux, ceint de deux hauts talus. À droite, une haie bocagère ; à gauche un marécage broussailleux. On imagine aisément la bande en surgir, fusils en mains. Le curé sortait du bourg par ce raccourci juste derrière l'église St-Pierre, pour gagner la campagne voisine : on rejoignait Ty Nevez, Menez Bihan, jusqu'à l'orée de Coat-an-Noz…

Le coup de feu retentit, du sang s'écoula dans le ruisseau de Lesvegan, affluent du Guic. Bien d'autres cours d'eau se teindront encore de rouge durant cette période chaotique. Dans chaque camp, disons-le bien !, dans chaque camp la peur et le ressentiment obscurcissent les causes les plus sincères.

Le clocher de St-Pierre résonne d'un son inquiet : Plougonver tremble. La Bande à Taupin frappe encore.